Sans racines?

Publié le par Isabelle

Sans racines?

Il est bientôt 20h à New York. 2h du matin là où je suis officiellement domiciliée. Paris. La France.

Je suis installée au bar de l'appartement où je loue une chambre à Brooklyn pour le mois. J'écoute de la musique planante que des personnes croisées dans ma vie m'ont fait découvrir.

Voilà 16 jours que je suis partie, seule, loin de tout ce et ceux que je connais.

Homesick? Étonnamment non! Encore faut-il avoir un endroit qui soit vraiment Home. Je vis à Paris depuis 7 ans maintenant. Je m'y plais, j'y ai des amis, un travail. Mais ce n'est pas vraiment chez moi. Je ne suis que de passage. Enfin je pense.

Chez mes parents? Bien que j'y ai passé la plus grande partie de ma vie je ne me suis jamais vraiment sentie "chez moi" dans cette région. Je ne suis pas montagnarde, je ne suis pas campagnarde, et l'étroiteté d'esprit de beaucoup de gens là bas me dérangeait.

Je suis née quelque part. Un peu par hasard. Partie aussitôt. Puis j'ai vécu 6 ans en Autriche. Quand j'en suis partie je me rappelle avoir été triste de quitter ma copine la plus proche.

Aujourd'hui pour cette expérience de 2 mois on pourrait dire que je me suis déracinée. Mais peut on se déraciner quand on n'a pas de racines?

Quand certains définissent une partie de leur identité par leurs origines, chez moi tout cela est compliqué. Certains disent "Je suis breton" ou "Je suis savoyard". Ça les définit en partie.

Moi je ne sais pas. Je suis née aux États Unis. Mon papa est belge. Mais de ces deux pays je ne me sens pas proche.

Je suis française certes. C'est dans ce pays que j'ai vécu le plus longtemps, c'est la langue que je parle le plus naturellement. C'est ce pays qui définit beaucoup de mes références culturelles. Et en même temps ça ne suffit pas à me qualifier. Je ne suis française que par hasard. J'aurai pu naître dans une toute autre famille. J'aime la France pour son fromage, son vin, ses superbes paysages si changeants, sa littérature... Je la déteste aussi pour son côté chauvin, pour son immobilisme et son pessimisme.

Je ne suis pas en souffrance de ce manque d'appartenance. D'une certaine manière cela fait de moi quelqu'un de libre, d'ouvert sur le monde. Peut être aussi que cela explique aussi ma difficulté à me fixer longtemps. Dans une ville. Un travail. Avec quelqu'un. Peut-être que je ne peux concevoir une vie sans changement. Peut-être que la stabilité est pour moi profondément synonyme d'ennui.

Peut-être que je serai toujours en recherche constante de mon chez moi qui n'existe pas. Peut-être que j'ai besoin de me réinventer sans cesse, de me forcer à m'adapter à de nouvelles situations pour me sentir vivre.

Une sorte de caméléon qui dépérirait sans nouveauté et sans challenge.

To be continued...

Publié dans Mon histoire

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